A l’occasion de l’inauguration de leur nouveau quartier général à Lausanne et de leur 147ème sommet, l’association européenne de l’athlétisme en a profité pour faire une annonce dont les conséquences pourraient à terme bouleverser l’athlétisme européen de haut niveau. En effet, les instances européennes de l’athlétisme envisagent de réformer le système de sélections aux championnats d’Europe à venir.
Le projet, encore à l’état de test ambitionne de réformer le système de sélection aux championnats d’Europe mais aussi instaurer un nouveau classement des athlètes européens. Le principe est d’abandonner le traditionnel système des minimas de temps ou de distances qualificatifs pour les championnats d’Europe. Il s’agira désormais de prendre en compte les résultats et places des athlètes à chaque compétition auxquelles il participera, tout en créant un classement selon ces même résultats.
Les buts de cette réforme ont été exposés par Svein Arne Hansen, président de l’AAE : chaque athlète effectuera à travers ses performances en compétition, un pas de plus vers sa qualification aux championnats d’Europe. L’Association veut en effet donner plus d’importance aux compétitions précédant les grands championnats, notamment pour pallier le déficit de participation et que les athlètes concourent plus qu’ils ne le font actuellement. L’objectif consiste à créer un lien renforcé entre les athlètes européens et leur public, voire de « créer des stars » sportives et fédératrices.
Une des lignes directrices majeures du projet réside donc dans une visibilité et de couverture médiatique croissante pour l’athlétisme européen. Elle n’est pas la seule : les dirigeants de l’athlétisme européen veulent également à travers ce nouveau système, augmenter l’exposition aux tests anti-dopage pour tous les sportifs européens. Plus de participation pour plus d’évènements dotés de grosse affiches, et par la même occasion, plus de possibilité de tester les athlètes.
Encore entre les mains d’une équipe de projet, ce système « d’une pierre deux coup » doit encore faire l’objet de quelques ajustements et de négociations. A terme, il pourrait entrer en vigueur pour les championnats d’Europe de 2020. Si le projet avance bien il est même envisagé que le système soit opérationnel pour les championnats d’Europe de 2018 à Berlin.
Ce mode de qualification est une nouveauté qui aura forcément ses promoteurs et détracteurs s’il entre en vigueur. On peut penser que les athlètes ne seront guère enchantés de voir l’AAE interférer dans leur plan de saison en modifiant ainsi les règles de qualifications. Il faudra encore que le système se précise avec plus de transparence dans ses mécanismes afin pouvoir évaluer son degré de contrainte dans la vie du sportif.
Si favoriser la lutte anti dopage est louable, (même si les contrôles inopinés ne sont pas réservés aux compétitions) une participation plus accrue aux compétitions pour plus de visibilité, ne fera sûrement qu’alourdir des saisons déjà décriées comme trop longues. Mais encore une fois, ce système n’est pas encore totalement formé. Mais il augure certains bouleversements dans l’athlétisme européen.