Il était le favori, il l’a fait. Avec 8768 points, Kevin Mayer est champion du monde. Au-delà des pronostics le décathlonien français a su se transcender dans chacune des 10 épreuves avec pas moins de trois records personnels au 100m, 110m haies, et 400m. Il devient le premier champion du monde français dans sa discipline et a encore une fois sorti le décathlon de l’ombre dans laquelle les épreuves combinées sont généralement confinées. Chapeau bas!
La deuxième journée du décathlon s’est ouverte avec au programme de la matinée : 110m haies, disque et perche. On avait quitté un Mayer exténué la veille avec cinq épreuves dans les pattes. C’est un Mayer au regard de tueur que l’on a retrouvé au départ des haies hautes. 13“75 à l’arrivée et un record personnel battu de trois centièmes. On a connu pire pour un début de journée. Le concours du disque s’est achevé avec un deuxième jet à 47,14m pour le premier du classement provisoire.
Ce début de journée devait être trop parfait. Car le décathlon de Kevin Mayer est non seulement victorieux, mais il a aussi compté son lot de frisson. Son coach Bertrand Valcin a faillit faire un infarctus à la perche. Avec une première barre à 5,10m Mayer voulait sûrement enfoncer le clou avec un de ses points forts. Pourtant, il rate deux fois cette hauteur et ne la passe qu’à l’ultime essai. Tout son public a alors crié son soulagement et le décathlonien miraculé a lui aussi exulté, tant la sanction d’un zéro pointé était proche.
Après sa performance du javelot en 66,10m, Kevin Mayer avait encore sept petits points d’avance sur son record de France. Il était suivi des deux Allemands Kay Kazmirek et Rico Freimuth dont les meilleures performances au 1 500m restaient bien en-deçà de celle du Français. Le plus dur était donc fait. Pourtant, le futur champion du monde a effectué sa dernière course en restant concentré jusqu’au dernier mètre.
Kevin Mayer passe la ligne d’arrivée. Il est champion du monde du décathlon avec 8768 points Le record de France n’est pas battu mais qu’importe. Il a assuré durant les dix épreuves un statut de favori dont il ne voulait pas et aucun de ses adversaires n’a pu l’inquiéter. Le poing est serré et le triomphe est sobre. Le nouveau champion du monde s’écroule ensuite dans l’herbe, bras et jambes écartées.
La manière dont Mayer a célébré son titre montre à quel point le décathlon est une discipline particulière. Lorsqu’on décrit une à une les concours et les courses que comportent les épreuves combinées, on pourrait presque croire qu’elles s’enchainent sans effort. On pouvait pourtant clairement lire sur les lèvres du Français « j’en peux plus! » alors qu’il posait avec son drapeau tricolore.
La première chose qu’ont fait les athlètes en arrivant était de s’effondrer par terre. La seconde -et Kevin Mayer s’y est employé après s’être relevé de l’herbe- est de saluer et féliciter tous les adversaires qui ont aussi été des compagnons de galère durant deux jours. La France compte un nouveau champion du monde, mais les spectateurs ont pu également apprécier de belles images : Tous les concurrents du décathlon posant ensemble pour une photo collective ou encore les médaillés Kazmirek et Freimuth prenant simultanément le nouveau champion du monde dans leur bras.
Avec l’or du décathlon, la France compte désormais deux titres, plus la médaille de bronze de Renaud Lavillenie à la perche. A ces trois médaillés peut encore s’ajouter Mélina Robert-Michon qui s’alignera dans la finale du lancer du disque demain à 20h10. Yohan Diniz peut aussi créer la surprise au 50km marche dès 8h45.
Photo Chiara Montesano/trackarena.com